« On peut s’attendre à des regroupements sur le marché de la formation » (Jean Wemaëre, président de la FFP)

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La Fédération de la formation professionnelle (FFP) approuve les grandes lignes du projet de réforme annoncées par Muriel Pénicaud. Dans un entretien accordé au Quotidien de la formation, son président, Jean Wemaëre analyse les conséquences pour les organismes de formation de ce qu’il considère comme « un changement total du système ».

Le Quotidien de la formation : comment percevez-vous cette nouvelle réforme de la formation professionnelle ?

Jean Wemaëre : Le système de la formation professionnelle s’est terriblement complexifié depuis sa création en 1971 et nous avons perdu en efficacité. Dans un contexte de transformation rapide des métiers, il y avait donc urgence à s’engager dans une réforme de fond. Les mesures annoncées par le gouvernement représentent un changement important. On sort du seul champ social et paritaire pour faire entrer la formation également dans le champ économique. Le projet de loi devra confirmer cette ambition en favorisant la mobilisation du CPF [1]. Cela passe notamment par un spectre large de formations éligibles, l’instauration de mécanismes de certification et le développement à grande échelle du conseil en évolution professionnelle. La nouvelle gouvernance nationale autour de France compétences doit gagner en souplesse et en opérationnalité.

QDF : Quels seront les impacts de la monétisation du CPF sur les pratiques des organismes de formation ?

Jean Wemaëre : Il va falloir sortir de la logique d’heures de formation pour entrer dans une logique d’action de formation et de parcours individualisés. L’offre de formation continuera à évoluer vers une plus grande modularisation, une ingénierie innovante intégrant le distanciel et vers des démarches d’évaluation rigoureuses. La tendance est déjà à l’œuvre dans nos entreprises de formation. Depuis deux ans, nous avons mené un travail considérable de transformation numérique. La transparence des prix et des résultats obtenus par les actions de formation qui seront inscrits dans la future application mobile du CPF et la libre concurrence ne provoqueront pas une hausse des prestations mais un meilleur ajustement de l’offre et de la demande, parfois à la hausse, parfois à la baisse. De nouvelles exigences, une offre de formation solide et adaptée ainsi que la nécessité de mobiliser des investissements importants liés à la digitalisation devraient engendrer des regroupements sur le marché de la formation professionnelle, comme c’est le cas dans la plupart des secteurs économiques.

QDF : Les organismes de formation vont-ils se positionner sur le Conseil en évolution professionnelle ?

Jean Wemaëre : Si l’on veut rendre accessible la formation à tous, on doit généraliser l’accompagnement des individus. Le défi concerne tout particulièrement ceux, comme les moins qualifiés, qui restent trop souvent à l’écart du système. Le schéma d’appel d’offres choisi par le gouvernement pour développer le Conseil en évolution professionnelle doit être ouvert à tous, y compris aux opérateurs privés. Il est essentiel que tous les acteurs compétents se mobilisent, les entreprises de formation, les professionnels de l’intérim, les cabinets conseil mais aussi, bien sûr, les Fongecif ou encore l’Afpa. Il faudra également travailler les partenariats en région afin de répondre aux besoins des territoires. Réussir à déployer une offre d’accompagnement large et adaptée sera une des clés du succès de la réforme.

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